La fête de Yule: le solstice d'hiver ou le Noël païen
Dans la roue de l’année, Yule est le sabbat mineur placé entre Samhain – la nouvelle année païenne qui marque le début de la saison sombre – et Imbolc, le printemps celte du mois de février.
Célébré autour du 22 décembre, Yule marque le solstice d’hiver, ce moment de l’année où l’inégalité entre le jour et la nuit est la plus grande. C’est la longue nuit, là où le soleil est le plus bas, tout du moins dans l’hémisphère nord. Le rythme de vie des anciens était ralenti: on se levait tard et on se couchait tôt, avec le soleil.
Marqueur d’une période de dénuement, de lâcher prise et de décroissance, Yule n’en est pas moins une promesse de renaissance de la lumière.
Partons à la découverte du Noël païen.
Le jour et la nuit: la mythologie de Yule
Yule est une fête païenne d’origine germanique. On en trouve notamment des traces dans les textes scandinaves. Lors de la christianisation des peuples germaniques, Yule fut, comme bien souvent, assimilée à une fête chrétienne afin de mieux la remplacer. Dans le cas du solstice d’hiver, je pense que vous l’aurez deviné, la fête chrétienne en question est bien sûr Noël.
La longue nuit de Yule et le pouvoir féminin
Il existe de nombreuses traditions en Europe autour du solstice d’hiver. C’est une période généralement centrée sur le personnage de la mère. Dans les mythologies, c’est l’occasion de mettre en avant les femmes puissantes.
Ainsi, en Europe du Nord, la déesse Frigga met au monde son fils Belder (ou Baldur) lors du solstice d’hiver. En Allemagne, on parle de Holda, symbole de fertilité et de prospérité.
Chez les Saxons, on fête la Mother’s night, la nuit de la Mère, la veille de Yule.
Dans la mythologie gaélique (Irlande, Écosse et île de Man), on retrouve la Cailleach, sorte de sorcière âgée qui gouverne la moitié sombre de l’année et combat le printemps.
Enfin, citons Skadi, une divinité nordique associée à la montagne et à l’hiver qui a notamment le pouvoir d’envoyer des tempêtes.
La fin de la nuit: la renaissance de la lumière au solsice d'hiver
On l’a dit, le solstice d’hiver marque la nuit la plus longue de l’année. Cela signifie qu’après Yule, le jour commence à gagner petit à petit sur la nuit. C’est probablement là la raison de la symbolique de la renaissance de la lumière à Yule. Après tout, Balder (ou Baldur), le fils que Frigga met au monde la nuit du solstice d’hiver n’est autre que le dieu de la lumière.
Chez les Romains, Yule correspond aux fêtes Saturnales, en lien à la fois avec le dieu Saturne et le soleil.
Mais cette symbolique de la lumière est loin d’être le seul point commun de ces différentes régions et civilisations. Elles partagent également des traditions.
Les traditions de Yule
La fête des fous
C’est sans doute l’une des caractéristiques du solstice d’hiver les plus étonnantes pour nous, français.es, qui connaissons surtout Noël.
La fête des fous, qui se déroulait après Noël, est une pratique ancienne qui, outre les festins et les danses, a comme particularité son irrévérence et son retournement des conventions. Il s’agit d’une fête paillarde assez étrange à laquelle participaient, dès le Moyen Âge, les membres de l’Église. Ils se prêtaient à des parodies de cérémonies religieuses quelque peu sacrilèges! En Angleterre on élisait même un « roi du désordre » parmi les nobles locaux qui veillaient toutefois à ce que les réjouissances ne débordent pas trop (ce qui, de fait, devaient fréquemment arriver).
La fête des fous serait en lien avec les fameuses Saturnales que nous avons évoquées précédemment, célébrées avant le 24 décembre et lors desquelles les maîtres et les esclaves échangeaient leur place.
La fête des fous a perduré jusqu’au XVIIe siècle et a été remplacée en Angleterre par les performances des Mummers (acteurs amateurs qui vont de maison en maison pour des performances théâtrales ou des danses) et la fête des douze jours (entre Noël et le 6 janvier) également caractérisée par des « charivaris« .
Ces étranges traditions seraient issues de la différence de douze jours entre le calendrier solaire et le calendrier lunaire, douze jours hors du temps en quelque sorte, où les règles cosmiques sociales sont bouleversées.
En France, ces traditions (comme beaucoup de traditions d’origine païenne d’ailleurs) ont glissé dans le calendrier et se retrouvent pour le carnaval.
La bûche de Yule et les cadeaux: comme un avant-goût de Noël
Offrir des cadeaux est une tradition ancienne, bien plus ancienne que Noël. En Suède par exemple, on offrait un cadeau au Tomte ou Nisse, une sorte de lutin qui protégeait la maison. Ce personnage a d’ailleurs donné naissance au fameux lutin de Noël puis au Père Noël.
Plus que les cadeaux, c’est la tradition de la bûche qui nous est le mieux parvenue. Sauf que la bûche traditionnelle ne se mange pas! Il s’agit d’une vraie bûche de bois que, dans les traditions gaéliques, on gravait à l’effigie de la Cailleach, incarnation du froid, pour ensuite la jeter au feu pour la protection de la famille. Cette bûche pouvait être décorée et ointe de bière ou de whisky. On l’allumait traditionnellement la veille du solstice d’hiver en tentant de l’embraser du premier coup pour porter chance puis on la regardait brûler toute la nuit en racontant des histoires et en faisant des vœux. Si la bûche brûlait jusqu’au matin, c’était un bon présage pour les temps à venir.
Il ne faut pas oublier la tradition des douze jours qu’on a évoquée rapidement. Les douze jours après le solstice d’hiver (ou après Noël selon les traditions) et surtout les douze nuits sont très importantes et réputées magiques. Une tradition voudrait qu’on y fasse des rêves prémonitoires…
La chèvre de Yule
Dans les pays nordiques Yule est associée à l’image de la chèvre, notamment pour des raisons mythologiques. Selon les périodes historiques, la chèvre de Yule a connu différentes fonctions et légendes. On sait qu’en Suède, on fabriquait une chèvre en paille qu’on cachait chez les voisins, qui devaient ensuite s’en débarrasser chez d’autres voisins etc. Si vous avez lu mes articles sur Samhain et Beltaine en Irlande notamment, cela vous rappellera sans doute les Straw boys. D’ailleurs, la tradition des Mummers que nous avons évoquée plus haut et que l’on retrouve à Beltaine notamment est aussi connue en Suède à Yule avec des processions entre les maisons de jeunes hommes souvent accompagnés d’une chèvre.
Personnellement, je parie que cette chèvre de Yule a quelque chose à voir avec les rennes du Père Noël…
Même si la chèvre de Yule n’est souvent plus, dans notre monde moderne, qu’une décoration du sapin de Noël, son origine est très ancienne et se trouve sans doute reliée à l’entrée du soleil dans la constellation du capricorne, un signe, rappelons-le, représenté avec une tête de chèvre. D’ailleurs, en astrologie, le signe du capricorne est gouverné par… Saturne! La tenue des Saturnales à cette période de l’année n’a donc définitivement rien d’un hasard.
Hogmanay et les traditions du Nouvel An
Les anciennes traditions du nouvel an sont souvent liées à celles du solstice d’hiver. C’est le cas notamment en Écosse avec la fête de Hogmanay, la dernière journée de l’année.
L’une des traditions les plus importantes de Hogmanay est le « first-foot », c’est-à-dire le « premier pas »: la première personne qui passe le seuil de la maison pour la nouvelle année annonce la chance à venir. En Écosse, celui qui fait le premier pas, un voisin ou un ami la plupart du temps, amène des cadeaux, souvent des biscuits sablés, du cake aux fruits, des beignets noirs (« Black bun« ) et du whisky bien sûr!
Parfois le « premier pas » est plus élaboré: les lumières sont éteintes avant minuit, un membre de la famille sort de la maison, une bougie allumée à la main. À minuit, il frappe à la porte et, après avoir été accueilli par la famille, allume rituellement les lampes de la maison.
Comment fêter Yule de nos jours?
Le solstice d'hiver: un moment pour se tourner vers la nature et vers soi
Les fêtes païennes étant toujours très fortement connectées à la nature et aux saisons, la première façon de les célébrer est toujours d’aller se balader dehors, si possible dans les bois (avec une bonne doudoune).
Pour le reste, les énergies de Yule invite plutôt au calme et à un retour sur soi. C’est un bon moment pour nettoyer votre maison à fond et trier, au sens propre comme au figuré, revenir sur l’année écoulée et en tirer les leçons nécessaires.
C’est notamment le moment idéal pour faire de la méditation.
La lumière de Yule: les bougies et le feu
On l’a vu tout au long de cet article, la lumière est une thématique forte de Yule. Les bougies sont d’ailleurs utilisées dans de nombreuses traditions, notamment en Irlande où une bougie est allumée pour chaque membre de la famille.
Si vous avez une cheminée, vous pouvez suivre la tradition de la bûche de Yule et tenter de faire brûler une bûche jusqu’au petit matin en ayant au préalable fait des vœux et, pourquoi pas, graver des signes dans le bois. La légende veut que le présage de chance ne fonctionne que si le feu n’a pas été entretenu avec des objets en fer. Pensez-y au moment de faire une flambée!
Des activités pour fêter le solstice d'hiver
Il existe de nombreuses activités à faire pour célébrer Yule ou rester dans l’esprit de la fête.
Certaines traditions sont d’ailleurs faciles à suivre. Pourquoi ne pas décorer la maison avec de la verdure, comme en Irlande? Ou alors la décorer avec les couleurs du moment: vert pour les conifères, rouge pour les baies, or pour la lumière et blanc pour la pureté de la neige. C’est assez simple quand on y réfléchit: nos sapins de Noël répondent tout à fait à cette description! De même il est courant de fabriquer une couronne de houx pour Yule, une plante qui protègera votre maison!
On peut créer une crèche païenne avec des animaux : le cerf (symbole du dieu cornu), la fameuse chèvre de Yule ou bien l’ours (son hibernation hivernale en fait un beau symbole de Yule sans compter que la grande Ourse est au dessus de nos têtes lors du solstice d’hiver).
N’oubliez pas d’allumer quelques bougies. D’ailleurs, pourquoi ne pas en fabriquer?
Si vous avez envie de marquer les fameux douze jours, pensez à tenir un carnet de rêves: peut-être seront-ils vraiment prémonitoires!
En marge des festins et des traditionnels cadeaux, penser à ceux qui n’en ont pas est une belle option: si vous avez l’opportunité de donner un peu de votre temps pour faire du bénévolat, foncez!
Enfin, n’oubliez pas de remercier pour tout ce qui est arrivé de bon dans l’année. C’est généralement la fête de Mabon qui est axée sur la gratitude mais en cette fin d’année et période de bilan, il est utile de se souvenir des bonnes choses qui ont pu arriver.
Des dessins pour célébrer Yule et Noël
Pour fêter Yule, comme pour toutes les grandes célébrations, j’ai réalisé de nombreux dessins en différents formats. L’idéal pour les petits cadeaux de fin d’année, voir pour des pères-noël secret (secret santa) si choisissez un des deux packs de dessins de fin d’année (voir à la fin de l’article). Retrouvez aussi des cahiers à spirales à la couverture illustrée dans ma boutique redbubble!
Comme tous les ans je vous propose un coffret de dessins d’hiver qui vous permet de bénéficier de 20% de réduction immédiate dès trois dessins/cartes postales/marque-pages achetés. Pour plus de lisibilité, vous pouvez aussi trouver un coffret avec uniquement cartes de fin d ‘année. Le coffret d’automne et le coffret « Fées et sorcières » sont toujours disponibles et feront de très beaux cadeaux pour le solstice d’hiver.
Belles fêtes de Yule à tous.tes!
Ysae
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Sources
Susan Pesznecker, Yule: rituels, recettes et traditions dsu solstice d’hiver, Editions Danaé, 2017.
- Jack Parker, Witch please, J’ai lu, 2020.
- Jane Meredith, Les rites célébrations de la roue de l’année, Editions Danaé, 2019.
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