Fêter Ostara: mythes et légendes du retour du printemps
Depuis Imbolc, nous approchons tout doucement de la fin de l’hiver: les jours commencent à rallonger, la lumière du soleil se fait plus présente et sa chaleur plus perceptible.
La saison du bélier approche, le printemps n’est plus très loin!
Dans la roue de l’année, les 20-21 mars marquent l’équinoxe de printemps , aussi appelés équinoxe vernal, moment-clé de l’année où la nuit et le jour sont de durée équivalente, en un équilibre éphémère célébré par le sabbat d’Ostara.
Eostre et la légende du lapin qui pond des oeufs
Ostara est un nom très récent donné à un sabbat qui, dans sa forme actuelle, ne l’est pas moins.
Son nom serait dérivé de celui de la déesse Eostre, divinité dont on sait fort peu de choses… pour ne pas dire qu’on ne sait rien du tout!
Elle est en effet seulement mentionnée par Bède le vénérable, un moine anglo-saxon de la fin du VIIe siècle, qui nous raconte qu’elle était la déesse du printemps et de la fertilité, honorée par les hommes et les femmes lors d’un festin en son honneur organisé en… avril.
Il n’est donc pas question du mois de mars ici. Étrange…
Vous l’avez noté, j’ai dit que le moine Bède était le seul à mentionner Eostre. Il existe toutefois une légende qui raconte que la déesse aurait sauvé un oiseau agonisant en le transformant en lièvre (curieuse méthode mais… admettons). Petit problème, la transformation n’est pas totale et voilà que le petit lapinou se met à pondre des œufs! Pas rancunier pour un sou, le lièvre remercia la déesse pour son sauvetage en lui offrant quelques uns de ses œufs qu’il avait auparavant décorés.
En bref, nous avons là notre lapin de Pâques et ses œufs colorés. Sauf que, pas de bol, cette légende est issue d’un conte ukrainien retravaillé pour l’occasion et diffusé au cours du XIXe siècle, rien à voir avec une légende immémoriale!
Nous revoilà donc au point de départ avec notre déesse mystérieuse. Les chercheurs spécialisés dans le monde celte semblent, en tous cas, n’avoir jamais rencontré de déesse Eostre chez nos ancêtres les gaulois.
Laissons donc cette mystérieuse déité de côté car point n’est besoin d’une divinité pour prendre conscience de l’importance de l’équinoxe de printemps dans le déroulement de l’année.
Une nouvelle année en mars?
Le poids de l'Église sur le calendrier
Savez-vous que l’année n’a pas toujours commencé le 1er janvier? En effet, chez les romains, elle commençait en mars! Ce n’est qu’après la promulgation de l’Édit de Roussillon en 1564 que le début d’année fut décalé au mois de janvier. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, le calendrier, géré par l’Église, débutait avec Pâques, dont la date était calculée en fonction de la pleine lune qui suivait l’équinoxe de printemps.
Une nouvelle année qui commence avec le renouveau de la Nature, quoi de plus logique?
Las, l’Église a préféré reculer le nouvel an afin qu’il soit inclus dans les festivités de Noël… Toutefois certains pays comme l’Iran ont gardé l’ancien calendrier.
La saison du bélier: la nouvelle année astrologique
S’il y a un domaine où ce système fait sens, c’est bien l’astrologie. Cet art complexe (que nos journaux modernes ont réduit à un divertissement de charlatan) fait en effet débuter l’année lors de l’équinoxe de printemps, le 21 mars, avec le signe du bélier. Le bélier, c’est l’étincelle primordiale qui permet le renouveau, le recommencement et annonce un nouveau déroulement de la roue astrologique.
Fêtes païennes ancestrales et divinités du printemps
Si les celtes ne fêtaient pas l’équinoxe de printemps en tant que tel, il existe toutefois une fête druidique qui la célèbre : Alban Eiler (« Lumière de la Terre »). Encore fêtée aujourd’hui, elle correspond au jour des semailles, pour que les graines puissent pousser avec le printemps.
Dans de nombreuses cultures et religions, le printemps est associé avec le principe (assez logique) de renouveau et est donc souvent représenté par de jeunes dieux virils ou des déesses vierges.
Chez les grecs, citons le dieu du vin Dionysos et son homologue romain, Bacchus, dont les célébrations, les Bacchanales, sont surtout célèbres pour leurs débordements. Dans la mythologie grecque, c’est également le moment où la jeune Perséphone, enlevée par le Dieu des Enfers Hadès, rejoint pour six mois le monde terrestre. Sa mère, Demeter, fait alors refleurir la terre pour fêter le retour de son enfant. Aphrodite est également associée au printemps (la légende raconte que des fleurs poussaient sous ses pieds à chacun de ses pas lorsqu’elle est née de l’écume des mers).
Dans la tradition nordique, le dieu Thor chasse l’hiver d’un coup de son marteau Mjöllnir pour faire venir le printemps. Dans la même tradition, Freya, la déesse de la vie, de la mort et de la sexualité, quitte la terre chaque hiver pour revenir au printemps.
Chez les Celtes, on peut citer la légende de Blodeuwedd, jeune femme entièrement fabriquée par Math et Gwyddyon à partir de fleurs. Destinée à Llew, elle tombe cependant amoureuse de Gronw Pebyr. Les deux amants assassinent Llew. Gwyddyon ressuscite le malheureux et transforme Blodeuwedd en hibou.
Enfin, n’oublions pas le Dieu Cornu celte, Cernunnos, dieu multiple à tête de cerf. Force fécondante, associé à la fertilité, il représente le cycle des renouvellements saisonniers.
La liste est encore longue des divinités liées au printemps. Les différents sites archéologiques dont la topographie permet de calculer avec précision les équinoxes (Mayas, Amérindiens, cultures paléochrétiennes) montrent l’importance de cette date dans toutes les civilisations.
Ostara, fête de la renaissance et de la sexualité
Avec tout ça, le symbolisme de l’équinoxe vernal ne vous aura pas échappé! On parle bien évidemment de renaissance et de renouveau, en lien direct avec le cycle des saisons, les plantes qui poussent, la Nature qui refleurit…
Même la religion chrétienne suit ce cycle « naturel » puisque la fête associée à l’équinoxe de printemps est Pâques qui célèbre… une résurrection.
Le jour qui rallonge et qui, après l’équinoxe, sera plus long que la nuit, est également un élément essentiel de cette célébration: c’est la lumière qui prend le pas sur l’obscurité et nous encourage à sortir de notre cocon et nous confronter de nouveau au monde extérieur.
Enfin, le printemps est une période de fertilité et de fécondité, et ce n’est pas pour rien que nombre des divinités liées à l’équinoxe vernal ne sont pas sans rapport avec la sexualité! Mais oui, à votre avis, le lapin de Pâques, il est juste là pour distribuer des œufs en chocolat? Ne soyons pas naïfs, le lapin est un des symboles du printemps surtout parce qu’il est connu pour se reproduire plus vite que son ombre!
Comment fêter Ostara?
Maintenant que le décor est bien planté, voyons un peu comment nous pouvons dignement célébrer la fête d’Ostara pour accueillir le printemps comme il se doit.
Point n’est besoin de faire de grands rituels, il suffit parfois de petites choses: regarder le soleil se lever (oui c’est tôt je sais, mais ça vaut le coup), marcher dans la nature pour la regarder renaitre…
Si la lumière commence à prendre le pas sur l’ombre, les ténèbres n’en sont pas moins encore aussi importantes que le jour. Le moment est donc bien choisi pour regarder sa part de ténèbres, et, pourquoi pas, pour se débarrasser d’une mauvaise habitude et laisser partir les choses/personnes qui ne nous conviennent plus.
Toutes les activités en lien avec les plantes sont de mise en ce jour particulier: jardinage, cueillette, création d’un terrarium, d’un potager ou d’un herbier.
On l’a dit, l’équinoxe de printemps, c’est le début d’une nouvelle année. Alors pour bien la débuter, faisons place nette. Ce n’est pas pour rien qu’on parle du « grand ménage de printemps ». C’est le bon moment pour nettoyer, trier et se débarrasser de ce qui ne nous servira plus ou de ce qui nous encombre. Le tri et le ménage ne sont pas seulement physiques: c’est aussi le moment idéal pour se pencher sur nos projets, faire le tri dans nos idées car le moment de débuter de nouvelles choses est arrivé. Les graines sont autant à planter dans la terre que dans la tête!
Période idéale pour démarrer une activité, Ostara est également l’occasion de revenir à notre enfance (le bélier n’est-il pas l’enfant du zodiaque?) et jouer de nouveau, de rire, de s’amuser!
Enfin c’est le moment de parler d’amour et de rencontrer des gens, de nouer de nouvelles amitiés et plus si affinités!
Je n’aime pas beaucoup les rituels tout faits, je suis plutôt du genre à créer les miens et c’est encore plus vrai pour Ostara car la plupart des rituels, qu’on peut trouver quand on fouille dans les livres ou sur internet, utilisent des œufs. Et, personnellement, je n’aime pas utiliser de la nourriture (d’origine animale qui plus est) pour un rituel. Toutefois, si cela vous intéresse, vous en trouverez de toutes sortes et de tous les pays en cherchant un peu.
Et vous, qu’est ce que vous allez faire pour fêter Ostara?
Des dessins pour accompagner l'arrivée du printemps et la célébration d'Ostara
Dans la boutique, vous trouverez de nombreux dessins qui célèbrent l’arrivée du printemps, en plus que ceux égrenés au fil de cet article. Vous les retrouverez tous dans la collection de printemps.
Je vous en montre quelques uns ci-dessous mais je vous présente tout d’abord mon préféré (à gauche), La Renaissance d’Ostara, qui résume bien le principe de cette fête païenne de printemps: récolter ce qu’on a semé, la renaissance de la nature et… les petits lapins! (vous le voyez le lapin?)
Bonnes fêtes d’Ostara à tous.tes!
Ysae
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Sources
- Kerri Connor, Ostara: Rituels, recettes et traditions de l’Equinoxe de Printemps, Editions Danaé, 2018.
- Jean-Paul Persigout, Dictionnaire de la mythologie celtique, Imago, 2009.
- Jack Parker, Witch please, J’ai lu, 2020.
- Arin Murphy-Hiscock, La sorcière verte, Contre-Dires, 2021.
- Jane Meredith, Les rites célébrations de la roue de l’année, Editions Danaé, 2019.
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